Ci-dessous, une photo décomplexée de braconnage "langouste" du lagon (2008) ! Et mise sur le Net par erreur....
Depuis 30 ans que je suis en Calédonie, c'est toujours pareil en fin d'année : Remplir les congélateurs et donc piller les réserves à
poissons (ou de langoustes*) braconner le cerf, tuer des veaux, des vaches et parfois des chevaux par erreur... Vers Noël, tout ce qui se mange, qui peut se voler ou qui se vend
est en danger. C'est quasi frénétique !
Quelques semaines plus tard, on retrouvera les jouets et autres saloperies en plastiques dans les mangroves, mais aussi des peaux racornies sur les barrières et des animaux blessés ou pourris parce que tous les braconniers de Noël ne sont pas des virtuoses du flingue...
Ni vraiment des gens dans le besoin alimentaire !
Monsieur Léoni a une petite propriété d'élevage de part et d'autre de la piste qui mène à la baie Mâ, lieu "touristique" de plaging et de mise à l'eau. C'est à 30 km de Néa et la piste est assez fréquentée. Une vache charolaise, c'est plutôt cool comme bête, et il n'est pas rare d'y rencontrer une mère, un veau ou un taurillon de 6-700 kilos qui broutent paisiblement là, au bord de la piste. Mais le père Léoni est désespéré : Presque chaque mois, une bête (sélectionnée génétiquement) est blessée ou disparaît. Grosse ou petite, jeune ou vieille, tout est bon à tirer pourvu que ça bouge, car on trouve aussi des dépouilles de cerfs, de cochons, de chiens explosés... La gendarmerie est sur le coup et j'interviens pour l'identification, l'autopsie ou la balistique sur les indices en place. Chez Léoni, c'est du dum-dum à charge creuse, du lourd. Pas fréquent en tribu ou chez les particuliers de Païta..
Hormis par bateau, il n'y a qu'une seule piste d'accès vers la baie Mâ. Par intermittence, la gendarmerie y contrôle les bagnoles, surtout les week-ends. Un jour, en pleine semaine, la fourgonnette des flics stationne sur la piste déserte, près d'un nouveau dépotoir sauvage. Soudain, le ronflement lointain et tonitruant d'un moteur à fond. Les gendarmes improvisent un barrage. Surgit une grosse BMW dans un nuage de poussière. Le conducteur, Monsieur L***, est un homme propre sur lui et "respectable", ce qu'ignorent les gendarmes z'ors... Dans le coffre de la bagnole, ils découvrent une somptueuse carabine "à éléphants" et les munitions qui vont avec. Elle a servi y'a peu de temps. Mais pas trace de viande...
- Moi, braconner ? Vous n'y pensez pas... (sous-entendu, j'en ai pas besoin !)
Néanmoins, le gars est retenu sur place. Il se justifie :
- J'ai acheter cette carabine et je viens ici pour tirer et régler la lunette...
Ce que les gendarmes ignorent encore, c'est que, sous bois, à un km de là, une équipe de wallisiens éviscèrent et découpent une grosse mère allaitante. Les morceaux seront chargés sur un bateau. Le veau gueulard est assommé et laissé sur place. Ensuite, la mer, direction le Kuendu Beach où attendent des voitures et la vente au noir...
Quant à Monsieur L***, il n'a que faire de la viande; un joli coup de fusil, ça lui suffit : Se faufiler, tirer et abattre, c'est son truc, c'est son orgasme, comme en safari africain où il passe ses vacances trois fois par an. Evidemment, pister une vache paisible ne donne pas le frisson d'un grand buffle tiré "au parapluie"... et le trophée au mur d'une charolaise n'a rien de bandant !
Pas de mort d'homme, donc son procès ne sera pas médiatisé...
Et le jugement n'imposera pas non plus de soins psychiâtriques !
Au la baie Mà, j'ai une autre anecdote de braconnage évoquée dans la presse (1997)... moins "pathologique" mais plus sanglante ! (A suivre)