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22 juin 2010 2 22 /06 /juin /2010 05:27

Poulinage au petit matin +

... Un appel téléphonique essoufflé et ému : De l'autre côté du col, il y a un cheval vivant mais couché au bord de la RT1. Impossible de le déplacer... Immédiatement dans ma tête,  c'est du sérieux : On est dimanche soir vers 17 h : le plein reflux des voitures vers la ville, et justement tout passe par cette RT1. Une collision ? Aïe...

 

...Quand j'arrive, y'a déjà un tas de gens et une cinquantaine de voitures garées n'importe comment de chaque côté. Deux motards ont sécurisé l'attroupement. Des badauds, gosses en main, marchent à pied sur la route.. Je me faufile jusqu'au cheval par terre, au ras du bitume. Coup d'oeil rapide : C'est une jument en train d'accoucher. En plein jour ? C'est rare ! Qu'est-ce qu'elle fout là ? L'herbe applatie indique une glissade sur le flan depuis le paddock très pentu, et le passage sous la barrière jusqu'à la route.

 

De l'eau ! Apparait un bidon venu de la foule de curieux qui augmente. Torse nu, je me savonne et allons-y : A genoux dans l'herbe pour un examen vaginal à plein bras, je ne me rends pas compte de l'étrangeté du geste qui intrigue les citadins de passage.

 

Ouf ! Le poulain proteste dans sa bulle de liquide sous pression. Il est vivant. Pas de problème particulier à prévoir, ni pour la mère, ni pour le poulain. Simplement activer le processus de mise-bas vu la précarité de l'endroit.

 

 Les contractions utérines sont puissantes; mes avant-bras seront vite écrasés à ne plus pouvoir sentir fin avec les doigts... Déchirer les enveloppes (solides) le liquide amniotique jaillit, couleur claire = Le petit n'est pas en souffrance. Ses longues pattes se présentent ensemble. Le bras, engagé jusqu'à l'épaule, accélère les contractions de la mère couverte de sueur. Et au bout de mes doigts, les naseaux du petit bien dans l'axe... Parfait. 

 

Et maintenant ne pas faire une connerie !

Saisir un petit paturon jusqu'à la sortie, puis l'autre. Et tirer doucement sur les deux pattes, synchrone avec les efforts de la mère. Pas plus vite. De temps à autre la jument fait la pause, soulève la tête et me regarde. Je l'encourage. On s'aide... 

 

Un peu plus tard, le poulain gît dans l'herbe, abasourdi et couvert d'enveloppes collantes. Des spectateurs avertis le prennent en charge. Il me faut débarrasser la mère du placenta. "Délivrer" une jument, c'est comme dégraffer une fermeture Velcro, mais doucement, pour ne pas déclencher d'hémorragies graves. Soudain, la mère se soulève et étend ses jambes de devant. La foule recule. La grosse bête se lève chancellante. Vite, lui amener son poulain à la tête, car, tripoté par des inconnus, il y a un risque d'abandon définitif !

 

Le soir tombe, des flashes crépitent.

- Elle est à qui, cette bête ?... Un vieux monsieur se présente timidement, une longe à la main. Avec lui, quelques voisins. Attendre vingt minutes que le poulain et sa mère se tiennent debout, stables. Je me rince dans un seau d'eau fraîche. Quelques conseils et la famille équine part, escortée vers un paddock en sécurité...

Je remonte dans ma caisse, soulagé, épuisé mais, dans ma tête, c'est... Héhé ! 

 

Le lendemain, le journal local, exhibe ma photo torse nu, halant le demi-poulain à la sortie de sa mère. La "Une" du jour.

 

Comme quoi, dans une île, il se passe rarement de grandes choses !  Mais beaucoup de petites...

 

(Note - 1993) 

 

*Pour l'illustration, une photo prise à mon insu, par le Dr. S.Rouys 

 

 

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commentaires

S
<br /> Shocking! Et si elle avait voulu un accouchement naturel??? Non, tel Dieu il a fallu que tu ailles voir (si on peut dire)!<br /> <br /> <br />
Répondre
S
<br /> <br /> Merci de cette remarque judicieuse et pleine d'éthique biologique ! (Rires!) A priori, je suis aussi pour laisser faire la "nature" quand je suis certain que rien ne s'y oppose... Et<br /> c'est moins fatiguant ! Pas dévôt non plus pour de l'acharnement thérapeutique...<br /> <br /> <br /> Il y a qques jours et sous la pluie, j'ai dû changer une roue près d'un échangeur urbain à l'heure de pointe. Accroupi pour un déboulonnage difficile, j'avais le cul au ras des<br /> voitures dont chaque passage m'aspergeait de bouillasse...Situation dangereuse ! Pas vraiment l'endroit idéal pour changer une roue, ni d'accoucher pour une jument (ou un autre<br /> animal) ! J'ai dû aller chercher de l'aide pour me sortir de là.  Et j'en ai trouvé. <br /> <br /> <br /> Notre Compassion naturelle est universelle. Spontanée, désintéressée, elle peut surgir même pour les cons, inconsciemment, naturellement, automatiquement ! Rien de liturgique<br /> là-d'dans. Sinon, ça n'est plus de la compassion, c'est de la vanité égoïste, de la spéculation boursière ou de l'arrière-pensée politique... Tellement banal ! (Re-rire !)<br /> <br /> <br /> <br />

Présentation

  • : Sagamore, le dernier des ploucs !
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Au hasard des pages...

"L'Histoire est la science du malheur des hommes... Pas de malheurs, rien à raconter" (R. Quenaud)

"Les véritables victimes de Tchernobyl ? Elles ne sont pas encore nés."

(Un nuke3.0 allemand) :

 

« Le capitalisme est la croyance stupéfiante

selon laquelle les pires des hommes vont faire les pires choses

pour le plus grand bien de tout le monde »…

J.M.KEYNES

 

"- C'est quoi, une bonne mère ?

- Une femme que son mari va quitter" (F. Dolto)

 

"Rien n'est plus puissant qu'une idée dont l'heure est venue" ( Victor Hujo)

 

"Quelle est l'utilité d'une maison installée dans un merdier* invivable ? "

(D'après DH Thoreau qui écrivait "planète"...)

 

"Il nous faut créer une démocratie conforme aux marchés."

(A. Merkel -2011)

 

 

« Si le climat était une banque,

les pays occidentaux l'auraient déjà sauvé »

Discours d'Hugo Chávez

 

 Le Mal au nom du bien,

une des plus vieilles histoires du monde...

(Ds un bouquin...)

 

"Se réclamer d'une religion dispense-t-il de toute morale ?"

(Amin Maalouf, sur Fr. Inter)

 

"Dans une crèche,
les bébés considérés comme leaders
sont les plus gentils"
(H. Montagner)

 

 

"Quand l'eau est pure,

je lave ma tête.

Quand l'eau est trouble,

je lave mes pieds"

 (Wang Shu) 

 

"Quelle est donc cette nostalgie

qui réarme partout les monstres oubliés ?

Et ce siècle tout neuf, comment le peupler

autrement que de tous nos regrets ?"

Doris Evans

 

"Sonne les cloches qui peuvent encore sonner.

Oublies ton offrande parfaite.

Il y a une fissure en toute chose.

C'est par là que pénètre la lumière."

(Dans la dernière chanson de Léonard Cohen,)

 

 

"Le roi est nu !"

cria l'enfant.

(Hans Cristian Andersen)

  

"Que faire de sa soif, dans un pays sans eau ?

De la fierté, si toutefois le peuple en est capable"

(Henri Michaux- Poteaux d'angle) 

 

"Tu ne te conformera point

à ce monde qui t'entoure."

(Commandement mnémmonite) 

 

 

"je ne sais pas quelles armes seront utilisées

pour la troisième guerre mondiale, si elle a lieu.

Mais la quatrième se réglera à coups de massue."

(A. Einstein)

 

 

"Tout

dépend

de tout le reste." 

(Bouddha) 

 

"A la vie, on emprunte même les os"

(Pablo Neruda)

 

"Ca n'est pas radical d'essayer de sauver les derniers 5% de nos forêts.

Ce qui est radical, c'est d'en avoir coupé 95%."

(D. Mc Gwan, à Durban)

 

Partout, dans le droit des peuples,

existe le mot "pays"

Nulle part le mot "planète"

(ds un mail)

 

Assise dans le fossé,

elle mâche un brin d'herbe 

et regarde passer mes wagons de projets.

Sa manière de vivre...

le nom le plus secret de l'amour ! 

(Marie-1996)

 

"Entre être libre, ou rester calme,

il faut choisir"

(Thucydide - Ve S av JC) 

 

T'es loin d'êt' con,

mais y'a des fois où tu t'en rapproche...

(...Un ami !)

 

"Chaque mois, l'allumette se rapproche de la mèche..."

(J.Stiglitz. le triomphe de la cupidité - 2010)

 

C'était du temps où les mots

étaient du côté des choses...

 (M. Genevoix- En parlant de la guerre 14-18)


Mon métier, c'était vétérinaire,

Du moins je préfère le croire.

J’ai perdu  les enthousiasmes et les protections de mon métier,

Accessible à tout, je suis enfin libre.

  (Note - Mars 2001, à la retraite)

 

Tous les jours...

 

 

 

 

 

 

"Nous nommons notre régime Démocratie

car l’état s’y gouverne en fonction non pas d’un petit nombre,

mais de la majorité »

(Thucydide, II, 37)

 

"Ce qu'il y a d'encombrant dans la Morale,

c'est que c'est toujours la Morale des autres"

(Léo Ferré) 

 

"J'aime aller au marché

pour contempler toutes ces choses

dont je peux me passer."

(Socrate par Kornfield)

 

Certains préfèrent

le parfum de la rose à l'odeur du chou,

Ils pensent que sa soupe est meilleure...

(?)

 

 "Le bonheur ?...

Il vient souvent sonner à ta porte.

Seulement  voilà, toi t'es parti en visite,

dans tes projets, tes rêves,

tes peurs, tes illusions..."

(Marie -1998)