J'avais d'abord cru à une blessure par balle... mais pas longtemps !
La tête du cheval est à gauche. En haut, la base de la crinière. La lésion traverse l'encolure d'une face à l'autre; il y a la même ouverture de l'autre côté. Le briquet permet d'estimer l'échelle...
Mes notes
... Des chevaux blessés par arme à feu, ça n'est pas rare. (Et je ne vois que les survivants !) Quand l'animal n'est pas touché au ventre ou à la tête, c'était souvent l'occasion d'observer un de ces miracles comme en fait la nature.
J'explique :
Pas besoin de revenir sur l'importance du cheval dans l'existence des hommes. En brousse, être sollicité pour soigner un cheval implique de considérer la relation
affective homme-animal comme prioritaire sur le coût du boulot à entreprendre. Pour le stockman, la "rentabilité "d'un cheval compte peu ou pas du tout. Je dois donc faire au mieux
pour rester dans des frais raisonnables... D'où l'importance du pronostic : Curable ou foutu ? Que va-t-il se produire ? Dans combien de temps ?...
Un miracle, c'est avant tout une erreur de pronostic.
Par nature, je ne suis pas prédisposé à croire aux miracles. Cependant, au fil des observations,
j'ai dû revoir mes présupposés basiques en hippiatrie ! Combien ai-je vu de chevaux se remettre naturellement et à 90% de blessures épouvantables ! Et en quelques mois. Des
épaules broyées, des poitrails empalés, des cuisses perforées... Comme si cet animal sans défenses (hors la fuite) sans cuir ni carapace, était doté d'un pouvoir de cicatrisation et de
guérison que la domestication n'aurait pas modifié...
Une fois un pronostic favorable établi, juste enlever les débris, quelques points de sutures, pas de pansements. Les soins élémentaires terminés, mon rôle se
cantonne le plus souvent à ne pas nuire... Même dans les cas d'apparence très grave !
- Sagamore, qu'est-ce qu'on fait maintenant ?...
Dans le cas ci-dessus :
La blessure est la suite merdique d'une injection intra musculaire ratée. Mauvais lieu d'injection, manque d'asepsie, voie d'injection ou produit inadapté au cheval ?...
Dans ce cas précis, tout à cicatriser en bloc en cinq semaines !
Il ne faut pas faire d'injections IM dans l'encolure d'un cheval !
Plus loin dans le pays, les habitants, les constructions en bois..., tout me surprenait d'harmonie, de beauté. Dans beaucoup de villages, des églises superbes. Etant aussi
réfractaire au norvégien qu'à l'anglais, j'ai passé quelques nuits dans des presbytères ou des sacristies luthériennes pour trouver quelqu'un avec qui parler... en latin !
J'avais utilisé du D***, une nouvelle bibine qui
anesthésiait la jument, mais elle restait debout, abasourdie. Pas comme avec mes barbituriques de routine devenus ringards. La technique était encore nouvelle pour moi : Ainsi, pour
une suture à gros points au 10/10e l'animal ne sentait rien. Par contre, le simple effleurement d'une mouche pouvait déclencher le reflexe habituel. En me penchant pour ramasser le
matériel, j'avais frôlé la jambe... et ma tête était sur la trajectoire. Donc pas de méchanceté, un simple piaffé de rêve, une caresse psychédélique... avec la douceur de 400kg de
muscles !
Tout le monde connaît le "cochon tirelire" avec une fente sur le dos...
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